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Les "Aurevoirs"

  • Photo du rédacteur: Maeva FAU
    Maeva FAU
  • 18 avr. 2022
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 avr. 2022

Je n'ai jamais aimé les aurevoirs, pour moi ils ont rapidement rimé avec des "adieux", avec la fin puis la mort. Peut-être parce que les premiers que j'ai fait, étaient pour partir à 27000 kms de chez moi, et qu'ensuite c'était destiné à mon père qui partait pour 9 mois en mission commando à l'autre bout de la planète... BoArf faut pas chercher trop loin effectivement ahah. Economisons-nous des sous et une thérapie et allons droit au but (comme ma nouvelle patrie).

Maintenant que, je vous rassure, j'ai quand même appris à dire au bureau "A Lundi" à mon collègue Laurent sans me dire tout le weekend que je vais être de funérailles la semaine d'après... Je ne les aime toujours pas davantage. Mais ils sont parfois de rigueur, et ils s'imposent à nous... On parle dans ce cas là d '"aurevoir" forcé et c'est bien par la force que je le fais pour toi Mamie, car je te dois bien cela...


Mamie,


Je t'ai déjà dit ces mots il y a longtemps déjà, comme je l'avais fait après ton amour, mon amour de papi, qui avait décidé de ne pas t'attendre pour partir s'installer là-haut et préparer une toute nouvelle maison, de ses mains, pour vous deux. J'avais décidé de te dire "aurevoir" en murmurant dans ma voiture et te fixant sur le parvis une dernière fois, de cette maison dans laquelle on a tellement vécu. Je sentais que la maladie t'emportait, cette foutue Alzheimer, ça m'arrangeait que tu ne te souviennes plus si on était le jour ou la nuit, moi qui vit après 22H. Mais je savais. Je savais qu'après ces côtés accommodants, viendrait l'oubli. Que je devrais me souvenir pour nous deux. Que malgré ce vide dans ton regard, mon coeur saurait à tout jamais qui tu étais pour lui.


Et je me rappelle toujours Mamie. Je me rappelle pour toi. Tu es celle qui après avoir été Maman de 3 enfants, a agrandi son coeur pour toute une ribambelle de petits-enfants. Chez toi, c'était jamais de gâteaux mais on savait où était le placard avec le saucisson et le beurre... Pas que ce soit beaucoup plus light, mais tu nous as rendu chauvin toute suite ! Je te vois dans ton fauteuil près de la cheminée à te balancer quand Papi n'y était pas, je vois tes mots croisés et tes sudokus, putain level 9, jamais réussi à en finir un...


Je me rappelle Mamie, de toi cuisinant pour une tablée plus grande que les ferias de Bayonne, et ton téléphone à fil que je pensais que tu avais volé à Docteur Quinn. Tu étais la Mamie qui dit "oui", qui excuse, même quand on saccage le jardin et tes fleurs. Tu étais la Mamie des parties de "7 familles", des petits chevaux, du Keno (je pense qu'ils se souviennent encore de toi vu comment tu les as pillé)... Tu étais celle qui nous apprenait à jouer avec des haricots blancs et des gobelets (on coûtait pas cher en console, je te le dis...). Tu m'as appris la patience, l'abnégation, le partage. Tu m'as appris que la confiture de mûre, ne se fera pas, si je me tape toutes les mûres en chemin. Tu nous as suivi dans nos échappées à la rivière pour nous surveiller, tu m'as défendue quand j'étais coupable. Je me souviens de ton rire, quand Papi faisait le clown pour changer. Je n'oublierais pas tes gâteaux, tous maison, pour souffler mes bougies. Je me souviendrais Mamie de ta Maison nickel où on peut manger par terre, alors que moi on peut manger AVEC ce qu'il y a par terre. Je me souviendrais pour nous deux, de la mère que tu étais, qui a élevé la mienne. De ma tante et mon oncle, à qui tu vas manquer aussi, je veillerais sur eux, en essayant d'être aussi forte que toi. Tu le sais, une maman on en a qu'une, et ils ne voulaient jamais te voir partir.


Mais je sais que ta place n'était plus ici, mais avec ton amour. Il a déjà dû te bâtir un palace, vu le temps qu'il t'attend. Penser à vous deux réunis, me comble. Même si égoïstement, vous avoir seulement dans ma tête et mon coeur me frustre. Je sais que vous étiez nos remparts, notre protection, mais il faut aussi qu'on prenne le relais maintenant. Tu me diras comment c'est là-haut, bon je me vexerais pas si jamais tu m'appelles pas toute suite. Toi et le téléphone ça a toujours fait 2. Mais fais moi des signes, dans le chant des oiseaux, dans un magnifique levé de soleil, dans le bruit de la pluie, dans le bourgeonnement des fleurs, pas la nuit, s'il te plaît, tu sais à quel point je suis une flipette la nuit...


Tu sais Mamie, ça va te faire rire, mais la dernière fois que tu m'as vu, tu m'as appelée "Fabienne", la honte que tu m'as mise devant les infirmières... On se sait que tu adores faire des blagues, mais "FABIENNE" ?! T'aurais pu choisir un autre prénom. Mais moi je sais que tu adorais faire des blagues malgré ta timidité apparente. Je me souviendrais de toi Mamie, de ton brushing parfait, de tes ongles faits. Tu peux compter sur moi, comme j'ai pu compté sur toi. Je n'oublierais pas. Et je parlerais de nos histoires pour que personne n'oublie. Tu le sens le moment fatidique qui arrive ? Je pourrais écrire encore des heures, et fuir la réalité tu me connais... Mais je veux le faire pour toi. Et avec toi. Ce sont nos derniers instants et je sais que tu m'écoutes, en plus si t'as pris Easyjet y'a toujours du retard donc tu liras ça, à l'embarquement. Fais bon voyage Mamie, ne t'inquiète pas on s'en sortira, moi, j'ai le saucisson, on doit pouvoir trouver du beurre et beaucoup d'alcool pour oublier que tu pars pour ton plus long voyage.


Au-revoir Mamie, je sais je ne dois pas pleurer, mais y'a beaucoup de pollen ici, si tu voyais.

Je hais l'oubli et cette maladie, mais tu es libre à présent.


Libre dans ton paradis,


Je t'aime, pour demain et tous les jours à venir.


Ta petite-fille.



 
 
 

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