Le strike
- Maeva FAU
- 1 déc. 2020
- 3 min de lecture
Me voilà chez moi mon Mac trop vieux pour le système (4 ans d'utilisation, Apple auriez-vous raté votre obsolescence programmée ?) sur les genoux et un café froid sur la table basse à réfléchir aux relations sentimentales 2.0. Est-ce vraiment finies les histoires banales au coin d'une rue, un regard, une frénésie, une envie... ? Est-ce la fin des numéros donnés sur un ticket de métro, ou un vieux papier de CB ? Est-ce le début d'une nouvelle aire, d'un nouveau terrain de jeu avec plus d'inconnus mais moins de résultat ?
Et tout cela m'amène à une réflexion beaucoup plus profonde sur le rapport homme/femme actuel, comment peut-on avoir autant de femmes belles, passionnées, indépendantes pour si peu d'hommes engagés, patients et pertinents ? Ni effrayés par la carrière d'une business woman, la détermination d'une femme engagée, ou les envies d'une femme libre.
Je me demande si le couple en lui même, tel qu'il est défini dans le Larousse "deux personnes animées d'un même sentiment, d'une même volonté, ou que des intérêts , des affinités, des caractères rapprochent" n'est pas désuet. J'en suis arrivée là, après des heures d'investigation, vous vous doutez bien que j'ai mené mon enquête (il faut savoir donner de sa personne).
Je reviens d'un énième date (je tairai le nombre exact), et là, l'effet d'une bombe. Cet homme en question n'est finalement pas libre... Pardon ? Comment ? Euh ? BRKSkhfiek,flsIDNFGFUNQ (je passe sous un tunnel). Je répète à l'assemblée cet homme est en couple. Et le plus con dans l'histoire déjà digne d'un Woody Allen, c'est que LE truc s'était produit. Vous savez LE truc qu'on nous sert tous les jours sur M6, à vomir sur netflix et à s'étouffer au mariage de ton meilleur pote qui te rappelle "quand je l'ai vu, j'ai tout de suite su" (doigt dans la bouche pour vomir, à défaut de vous mettre des émojis, je vous écris la légende).
Comment peut-on être en couple et prendre le risque de voir, de flirter, de découvrir une autre personne tout en rentrant bien au chaud chez soi et en se couchant à côté de cette personne qui vous attend sagement en lâchant dédaigneusement un "ça a été ta journée ?" C.O.M.M.E.N.T ? C'est une histoire veille comme le Monde me direz-vous, ou tout du moins aussi vieux que le métier de péripatéticienne, j'entends. Ça m'a fait l'effet d'un strike avec toutes mes belles quilles de certitude, d'honnêteté, de bonté, alignées... BIM dans ta gueule l'espérance.
La meilleure des réactions c'est une bonne beigne en temps normal, mais mon corps ne voulait pas et mon esprit cherchait sa prochaine destination sur skyscanner.com. Je suis restée là, écoutant un discours que j'aurais pu écrire au deuxième confinement, sur la difficulté de la vie à deux, les aléas des rencontres, la peur de faire mal... "Les aléas des rencontres" ? Quand tu es sur Tinder de ton plein grès, "l'aléa" en question c'est ton orteil qui swipe dans ton sommeil ?
N'y a-t-il pas assez de 7 milliards d'humains avec des envies différentes, des aspirations diverses et une vie sexuelle plus ou moins active pour cibler des personnes légères, libres et vierges de tout pêché (bon du coup ça m'exclue d'office). Plus sérieusement, il devrait dans ce sens, exister un site de rencontres pour bons vieux couples en mal d'emmerdes et de tromperies : cheatingbeforebreakingup.com. On y retrouverait des personnes en couples, qui s'amuseraient avec d'autres personnes en couple afin de partager leur peine et leurs IST.
Non, mais quitte à être ouvert autant l'être à fond... Arrêtons de faire dans la demi-mesure.
Je vais faire monter mon palpitant, faut que je prenne une gorgée de café froid. Mais plus sérieusement, j'ai dû rater un virage en haute montagne pour que les sentiments des gens arrêtent de compter. Qu'on cesse de prendre en considération la passion, la patience, et la bonté qu'une personne vous a accordé pendant X années, mois, semaines...
Je fais partie de celles qui vivent encore intensément, qui gardent des raisonnements enfantins, une poigne de fer quand elles serrent la main et un regard rieur du matin au soir. Mais je crois qu'en amour, je suis encore au niveau débutant avec des petites rigoles, tout le long de mon chemin afin d'éviter les chutes et les déceptions ET LA, sans me demander mon avis, on me rend complice d'un pré/post/middle adultère !
Tu pars en couilles 2020, et toi Albert marié sur Tinder, Anna femme au foyer sur Gleeden, sans oublier Victor en couple hétéro qui flirt sur Grindr...

C'est trop bien Tinder.